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Sarzeau Bridge Club

04

janv. 2023

Il n’y a jamais un sommet d’où la vue ne soit pas belle !

Publié il y a 1 an

Il n’y a jamais un sommet d’où la vue ne soit pas belle !

Jacques Depeyre livre sa philosophie du bridge (et du jeu) dans un entretien accordé à Picardie Brige, l'année ou Jacques a terminé 4ème en finale nationale par paire (2009?)

Il n’y a jamais un sommet d’où la vue ne soit pas belle !
Ou comment connaître le vertige d’être au-dessus de soi-même.

 

MCJ : Merci Jacques d’avoir accepté cette interview. Je tenais avant tout à vous féliciter Guy et toi pour votre montée en DNO/2 d2. Un beau résultat dont tout le comité est fier. Heureux, je suppose ?

JD : Oui, je suis très content. Mais maintenant il va falloir tout faire pour au moins s’y maintenir en DNO2 d2, car je serais vraiment marri de n’y faire qu’un saut de puce.

MCJ : Légitime volonté. Cornu et toi, cela fait-il longtemps que vous jouez ensemble ?

JD : Quelque chose comme sept à huit ans …

MCJ : Pas plus que ça ? Je croyais que vous étiez un très vieux couple …

JD : Et bien non, j’ai moi aussi multiplié les partenariats, non pas par goût du changement, mais parce que la vie l’a ainsi voulu. J’ai commencé par jouer avec Michel Camilleri, que j’ai beaucoup apprécié, (comme c’est vieux tout ça) mais l’éloignement géographique a fait que notre paire n’a pas pu résister au-delà de cinq ans. Puis ce fut Philippe Boutard, dit le « Boubou » ou le « fantaisiste à l’enchère », mais il a dû déménager vers Paris pour des motifs professionnels. Ensuite ce cher Andrzej Kaczmarow mais un phénomène d’usure eut raison de notre paire. Et donc ensuite, André Cornu.

MCJ : J’ai tout faux alors ! Moi qui croyais qu’une paire ne pouvait s’inscrire que dans la durée.

JD : Une paire qui dure, c’est bien là l’idéal. Mais tu sais, les paires bien souvent ne durent que par manque d’alternative. Plus tu montes dans le classement et plus les rencontres se raréfient. Ce sont tout simplement des probabilités.

MCJ : Aïe, aïe, laisse-moi encore mes illusions … « Le champion tire les leçons du passé, concrétise le présent, pense le futur. » Je suppose que Guy et toi avez déjà commencé à penser 2009–2010.

JD : Évidemment que oui mais encore aucun plan de bataille vraiment défini. Nous avons tous deux commencé par acheter les quatre tomes de Chidiac, « Standard 2000 ». Et on potasse. Ceci afin d’apporter encore plus de précision dans notre système.

MCJ : Et bien cela en fait des pages à lire !

JD : Ce n’est pas un travail inutile. Chidiac nous apporte des améliorations considérables sur le standard français. J’apprécie beaucoup son traitement des ouvertures fortes, tous les développements qu’il préconise sur les ouvertures en majeure ainsi que tous ceux qu’il élabore à partir des changements de couleur sur les texas. Cela apporte tellement plus de souplesse dans les enchères. C’est tellement appréciable.

MCJ : Je veux bien te croire. Finalement, vous allez mettre l’accent sur l’apport de précision dans votre système d’enchères.

JD : En quelque sorte oui, du moins va-t-on essayer, car nous ne sommes plus vraiment bien jeunes tu sais. Et si l’on pouvait essayer d’être plus zen aussi. Un autre élément à travailler ceci, la zen attitude.

MCJ (sourires) Changeons de sujet. Cela fait-il longtemps que tu joues au bridge Jacques ?

JD : Ouf … J’ai débuté le bridge en 1971. A l’époque j’étais en licence de mathématiques à la fac d’Amiens. En début d’année, nous jouions au tarot entre les cours mais j’ai vite trouvé ce jeu intellectuellement insuffisant. Et un beau jour, au Restau U, je suis tombé sur Thierry Marchand et Gérard Sauvet. Et ce fut le début d’une belle aventure. Nous avons constitué un petit groupe (avec notamment Lucien Demistrovich, dit Lulu, Marc Elias, Le Chevalier) pour apprendre le bridge en comptant beaucoup sur notre puissance de déduction et en allant chercher nos prémisses dans « Le Bridge Facile » de Ledentu. Et de prémisses en conclusions, tout comme de faits d’expériences en principes induits, nous avons construit notre bridge. Et ceci dans le cadre, toujours, du Restau U, et oui …

MCJ : Si j’ai bien compris, vous n’avez jamais pris de cours de bridge. C’est par le raisonnement que vous avez bâti un système d’enchères et élaboré des stratégies à la carte. Génial ! Du bridge à l’épreuve des balles !

JD : Exactement. Les moniteurs sont pour ceux qui n’apprendraient rien tout seuls. Les acquis qui comptent sont ceux qu’on se donne soi-même, par passion de savoir. Cela nous a permis à l’époque d’arriver en finale nationale du Championnat de France des Étudiants par équipes. En ce temps là, on nous conviait avenue Raymond Poincarré, vers la Porte Maillot, pas loin de la place Victor Hugo. Et nous nous sommes fait « piquer » le titre de Champions de France par l’équipe de Claude Dadoun. Ils ont été meilleurs que nous … (sourires)

Et après, ce fut le club d’Amiens, avec ses structures, et son « Critérium », et ses Lecoq et Violet aux gros bras qui nous rossaient régulièrement, et puis ses Lecoq et Violet sur lesquels nous finîmes par prendre définitivement le dessus.

MCJ : J’entends derrière tes mots beaucoup de plaisir …

JD : Oh oui, le bridge est pour moi un vrai bonheur, une jouissance intellectuelle. Et j’essaie de transmettre cette passion à mes élèves (tu le sais, je suis également moniteur, depuis longtemps d’ailleurs – à l’époque il suffisait d’être première série pour enseigner le bridge) mais rares sont ceux qui accrochent vraiment. Ils ne veulent pas bosser entre les cours !

MCJ : Ah diantre ! Et pourtant la passion est une obsession positive. D’autres passions Jacques ?

JD : Oui, les échecs (mais je ne les potasse pas assez), le « dada » (de la finesse aussi dans le dada), le poker (mais sans argent, je n’aime pas jouer à l’argent, seul le plaisir intellectuel me comble) et tous les jeux en fait … J’adore le jeu. Et la pétanque et le tennis de table ! Mais le tennis de table, je ne peux plus : je n’ai plus suffisamment de souffle.

MCJ : Bel enthousiasme ! Cela fait envie …

JD : C’est ma grand-mère qui m’a fait aimer les cartes, tu sais. Dès l’âge de cinq ans, je jouais avec elle à la bataille et à la belote sur son tablier. Ce sont de très beaux souvenirs.

MCJ : Un grand merci Jacques. Et que la chance aussi vous accompagne, Guy et toi, la saison prochaine.

Commentaires

Par Martine DEBAIN, le mercredi 04 janvier à 11:24

Excellente idée de poster cet interview 

Belle histoire . Un grand Monsieur.